La bibliothèque musicale de l’Orphéon de Mulhouse est en dépôt aux Archives Municipales, de Mulhouse (environ 4000 œuvres). Elle permet de comprendre l’évolution musicale du répertoire populaire joué par les orchestres d’amateurs mulhousiens depuis le début du XXème siècle.
L’influence de la culture musicale d’origine germanique propre à l’Alsace y est forte tout en retrouvant la musique de kiosque française des années 1930, la musique interprétée autour du cinéma muet, la musique d’opérette et populaire….La musique de film, le jazz, la variété et plus tard, la musique écrite spécialement pour les instruments à vent, ont rendu la collection orphéonique complète. On peut donc prétendre que la bibliothèque musicale de l’Orphéon contient tous les styles de musique interprétés de l’origine de la société jusqu’à nos jours …
Le répertoire est subdivisé par genre, style et compositeurs et comprend trois sections distinctes:
La bibliothèque musicale de base de l’Orphéon comprend environ 2000 titres de partitions écrites ou transcrites pour orchestre d’harmonie par plus de 400 compositeurs ou arrangeurs différents. L’Orphéon n’a cessé d’enrichir sa collection d’œuvres depuis son origine en 1882 jusqu’à nos jours. Chaque année, une dizaine d’œuvres nouvelles sont commandées en provenance d’éditeurs européens ou de transcriptions de pièces dans le but de renouveler le répertoire et d’ interpréter de nouvelles pièces au courant de sa saison musicale.
Lorsqu’en 1963 l’Orphéon Musical a fusionné avec ce qui restait de la Musique municipale des Sapeurs pompiers en devenant l’Orphéon Municipal, n’ont été repris que les titres complémentaires joués par les Sapeurs Pompiers et qui n’existaient pas à l’Orphéon ce qui réduit l’apport des partitions à une peau de chagrin. L’harmonie municipale des Sapeurs pompiers possédait une section de tambours et clairons (clique) et défilait régulièrement, tradition que l’Orphéon n’a pas reprise. Cela n’empêchait pas l’Orphéon d’être en possession de la plupart des marches jouées par l’ ex Musique des Sapeurs Pompiers.
On retrouve donc dans la bibliothèque de l’Orphéon la plupart des marches militaires françaises mais aussi les marches américaines, suisses, autrichiennes, alsaciennes et allemandes.
Si les plus vieilles partitions de l’Orphéon sont manuscrites et difficiles à lire, l’usage de la photocopieuse permet de les agrandir avant de les « ressusciter ».
Il est évident qu’en fonction de l’ancienneté des partitions, tous les titres ne peuvent plus être joués à l’état brut pour des raisons d’inadaptation de la facture instrumentale actuelle. Cependant, la plupart des œuvres peuvent servir de référence et de base pour des adaptations. La bibliothèque bénéficiant tous les ans d’apports neufs et modernes depuis l’origine permet néanmoins de dire que les deux tiers des références sont tout à fait jouables par les orchestres d’harmonie d’aujourd’hui. Le choix d’un programme appartient au chef et revêt grâce à la richesse de cette bibliothèque un intérêt tout particulier, de nombreuses partitions n’étant plus éditées. Cette bibliothèque contient des partitions historiques, des partitions inédites de qualité écrites par de valeureux compositeurs, souvent anciens chefs de l’Orphéon. Ces véritables trésors revêtent un intérêt particulier et les manuscrits sont conservés en toute sécurité et dans les règles de l’art aux Archives municipales de Mulhouse.
Le fonds en provenance de SOLEA (ex. TRAM) et de sa Musique de l’Amicale du personnel du Tramway a été sauvé de la destruction par l’Orphéon en 2009. Le répertoire des ouvrages porté disparu n’a jamais été retrouvé et a dû être reconstitué. Il fallait donc trier, inventorier, créer des dossiers, des numéros d’ordre et saisir informatiquement tous les renseignements utiles aux recherches ultérieures. Ce travail a été entrepris en 2012, en même temps que la préparation du transfert de l’ensemble de la bibliothèque et des archives de l’Orphéon vers les Archives Municipales. Cette partie du patrimoine musical mulhousien concerne : 290 oeuvres de partitions d’harmonie écrites par 216 compositeurs.
Selon la mode en vigueur dans les harmonies, certains titres de pièces étaient joués aussi bien par l’Orphéon que par la Musique du personnel du Tramway, dans des éditions identiques ou différentes. Comme les deux bibliothèques ont été conservées dans leur intégralité, il existe forcément des doublons mais aussi des compléments tout à fait intéressants. Il convient de préciser que les partitions achetées par la Musique de l’amicale du personnel du Tramway et par l’Orphéon durant la même période étaient souvent différentes du fait de l’adaptation aux caractéristiques de chaque harmonie. Par ailleurs les prestations proposées par les deux orchestres n’était pas forcément les mêmes …
A l’origine de la constitution de la société de musique du Tramway, toutes les partitions n’ont pas été achetées par l’Amicale du personnel du Tramway : des partitions héritées par les Traminos en provenance d’autres orchestres d’harmonie disparus depuis bien longtemps ont été retrouvées : « Musikverein Alsatia », « Arbeiter-Musikverein », la « Musique Concorde » de Bourtzwiller, « Musique Concorde de Richwiller »…
On retrouve dans cette section 1540 ouvrages de musique d’orchestre écrits par 850 compositeurs différents. La plupart des œuvres sont arrangées pour des « ensembles de salon », appelés « Salon-Orchester ». Ces ensembles sont composés
a) de cordes : plusieurs parties de violons, violoncelle et contrebasse (altos pour un certain nombre d’ouvrages),
b) de vents : flûte, clarinette, hautbois, basson, cor, trompette, trombone,
c) d’un piano (partie d’harmonium ou d’accordéon en option),
d) de percussions.
Dans un certain nombre de partitions, on retrouve des saxophones (selon l’époque de la création de l’œuvre ).
Les partitions d’orchestre de l’Orphéon proviennent principalement de l’Orchestre de la MCP Cité (Maison de Culture Populaire de la Cité). Cet orchestre était historiquement l’héritier direct de l’orchestre St Joseph qui accompagnait les opérettes produites jusqu’aux années 1960 au Foyer St Joseph, rue du Chanoine Henry Cetty à Mulhouse (Cité ouvrière). L’orchestre MCP Cité, conduit par le chef altiste Antoine Heintz (qui aimait appeler cet ensemble « Cité-Bad Orchester »), regroupait des amis violonistes et des musiciens à vent issus de l’Orphéon jusqu’à sa dissolution à la fin de l’année 1986.
Un grand travail de réorganisation de cette bibliothèque a été organisé après la disparition de l’orchestre, en vue de sauver les partitions, par René STOECKLIN (ancien flûtiste de l’orchestre et ex-directeur de l’Orphéon de 1962 à 1982). Durant trois années (de 1997 à 1999), René Stoecklin a entrepris avec l’aide de deux autres ex-musiciens de l’orchestre, Raymond MULLER (ancien violon solo et Directeur-adjoint de l’Orphéon) et Joseph PABST (clarinette solo et membre d’Honneur du comité de l’Orphéon) un colossal chantier de rangement et de tri.
René Stoecklin a surtout eu le mérite d’analyser puis de référencer manuellement toutes les partitions se trouvant dans l’ancienne salle de répétition de l’orchestre à la MCP Cité.
Ce dernier a créé une numérotation de bibliothèque différente pour chaque style de musique.
Les partitions d’origine de la MCP Cité proviennent de musiciens mulhousiens actifs dans l’orchestre ou dans des petits orchestres éphémères de l’époque du cinéma muet aux années 1960 mais aussi d’orchestres disparus ayant donné leur patrimoine à l’orchestre de la MCP Cité. 142 « donateurs » sont cités sur les partitions, particuliers, associations, entreprises (ex. EDF), orchestres professionnels (ex. Théâtre Municipal).
En ce qui concerne les éditions (aujourd’hui pour la plupart disparues), 457 sources différentes ont été dénombrées fin 1999. Les plus célèbres sont les éditions « Salabert », « Appolo » (Paul Linke), Glocke-Verlag (Franz Lehar) ou Döblinger (Johann Strauss)….. Certains compositeurs éditaient sous leur propre nom, comme le mulhousien Witz pour sa valse « Epis d’Or ».
Maurice Kuntz